Octobre 2022, après 2 années sans résidence à Niamey, nous pouvons reprendre nos échanges et Catherine retourne avec impatience au Niger, en tant qu’artiste plasticienne en résidence artistique pour 10 jours.
Dans les valises (en surplus de poids) il y a les peintures et les affiches créés par les lycéens de Saint Charles- Chalon, du papier grand et petit format, des feutres en pagaille, de la peinture en tubes, des crayons, des livres illustrés et un petit objet technologique hyper important : un enregistreur !
L’objet de la mission : promouvoir l’éducation artistique pour les filles. Encadrer et favoriser la mixité par la création. Les enfants de Tidawt auront des cours d’arts plastiques pendant toute la résidence. La fabrication de 2 instruments traditionnels en direct sera l’occasion de découvrir l’ancêtre de la percussion et de la guitare dans la communauté Touarègue.
Ces deux instruments sont importants car à l’origine ils sont joués exclusivement par les femmes. Par là ils nous permettent de replacer les filles au centre du projet de l’atelier musique : l’accueil, l’accès à la formation musicale, la mixité au sein de l’atelier musique solidaire et l’égalité fille/ garçon.
La résidence artistique était attendue ; les enfants qui l’ont déjà vécue sont impatients et retrouvent les codes immédiatement : on s’assied, on écoute les consignes, on regarde des images puis on discute et le travail de dessin commence, puis l’étape de peinture tellement excitante arrive enfin !
Sans aucun cours de dessin ni d’arts plastiques à l’école, les enfants, et les jeunes qui se joignent immanquablement à nous, se débrouillent très bien et surtout savourent leur plaisir. Il faut gérer le papier, les très jeunes qui ne savent pas tenir un pinceau, les garçons toujours bougeons, les filles qui sont plus timides, et les petites catastrophes de pots d’eau renversés, de coups de pinceaux sur le dessin du voisin, une palette commune qui est accaparée par un seul 😉 l’éducation et le respect passent par la pratique audacieuse des arts plastiques.
Une certaine liberté de création est vite admise et ces enfants profiteront pleinement des séances chaque jour.
La barre est placée plus haute lorsqu’il s’agit de dessiner « sur le modèle », c’est-à-dire devant Oumzou, la vielle tantie, qui fabriquera un instrument complet devant les enfants. Nous décidons de noter « la recette pour fabriquer un tendé ».
Nous programmons ensuite la fabrication du deuxième instrument : imzad. C’est un violon à une seule corde, qui a des propriétés magiques d’envoûtement voire de guérison à en croire les anciens qui ont vécus l’arrivée des hommes guerriers au campement, accueillis par les femmes et le son de l’imzad. Ces deux instruments Touaregs seront vecteurs de la transmission d’une tradition culturelle historique, ancrée au Sahara, et d’un répertoire qui tend à être oublier.